Rencontre avec Béatrice Eudes, directrice de l’association l’Escale – Solidarité femmes
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L’Escale – Solidarité Femmes est une association qui lutte contre les violences faites aux femmes et en faveur de l’égalité femmes-hommes. Béatrice Eudes, directrice de L’Escale depuis deux ans, revient avec nous sur son engagement personnel et celui de son association.
Pouvez-vous nous présenter L’Escale – Solidarité Femmes et nous expliquer quel est votre rôle en tant que directrice de l’association ?
L’Escale – Solidarité Femmes est née de mouvements féministes gennevillois. Les membres fondatrices de l’Escale ont milité en faveur de l’avortement et de la contraception dans les années 1970. Elles ont ensuite créé une association d’insertion professionnelle mixte. Elles ont alors constaté que les violences domestiques étaient un frein à l’emploi. C’est ce constat qui les a poussées à fonder une association spécifique pour lutter contre les violences faites aux femmes.
Aujourd’hui, nous travaillons aux côtés des femmes victimes de violences : nous les aidons à prendre connaissance de leurs droits et les accompagnons dans leurs démarches juridiques. Nous disposons de 104 places d’hébergement, dont un dispositif de mise à l’abri pour les femmes en grand danger.
En tant que directrice de l’association, je suis chargée d’assurer certaines tâches administratives comme la gestion des ressources humaines, l’organisation des services et l’impulsion auprès des équipes pour que nous soyons pertinent·es dans notre lutte et dans l’accompagnement de ces femmes.
Mais ma fonction ne s’arrête pas ici : mon rôle principal est d’être la porte-parole de la lutte contre les violences faites aux femmes et pour l’égalité femmes-hommes. Cette partie de mon travail m’amène à être en contact avec les élu·es et les partenaires qui nous financent.
Qu’est-ce qui fonde l’engagement de L’Escale – Solidarité Femmes ?
Nous sommes engagé·es contre les violences faites aux femmes et pour l’égalité femmes-hommes. Je suis fière des missions et de l’engagement de notre association et du travail effectué par les équipes. Je suis très fière aussi de voir ces femmes qui arrivent à sortir des violences avec toute l’énergie qu’elles peuvent y mettre en dépit de ce qu’elles ont vécu. Je leur dis régulièrement : c’est une vraie fierté d’être aux côtés de ces femmes.
Pour mener à bien notre mission sociale, l’association est divisée en deux pôles.
Le premier est un pôle accueil de jour, ouvert à toutes les femmes, qu’elles vivent à leur domicile ou en centre d’hébergement. Nous les recevons sans rendez-vous les mercredis et vendredis matin, et le lundi après-midi (accueil collectif). Ces échanges permettent de préparer la sortie des violences et la stratégie de protection que nous allons mettre en places avec elles. Il est parfois difficile pour les femmes de venir à nous, par peur d’être reconnues par leurs voisins. C’est pourquoi nous avons huit permanences dans le nord des Hauts-de-Seine, notamment dans les hôpitaux et centres municipaux de santé où nous pouvons orienter ces femmes pour plus de discrétion. Celles qui le souhaitent peuvent également rencontrer un psychologue spécialisé.
Le second pôle, le pôle hébergement, nous permet d’accompagner de façon globale les femmes et les enfants qui sont accueillis dans nos structures : nous avons un CHRS (Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale) urgence, un CHRS insertion, une maison communautaire, le dispositif CHU ALTHO (Centre d’Hébergement d’Urgence Alternatif à l’Hôtel), une pension de famille et nous gérons un immeuble pour femmes en précarité avec ou sans enfants dans le nord des Hauts-de-Seine.
Nous travaillons avec des entreprises engagées : nous louons principalement nos logements au bailleur social 3F. Nous sommes fréquemment en contact avec 3F, qui met à disposition des logements afin de trouver rapidement des solutions de mise à l’abri et de relogement pour les femmes victimes de violences.
Quels sont les objectifs de L’Escale – Solidarité Femmes pour le futur ?
Nous continuons d’accueillir des femmes victimes de violences et espérons bénéficier des nouvelles mesures issues du Grenelle des violences conjugales qui ont été annoncées : nous espérons donc avoir plus de places d’hébergement. Nous souhaitons également que les femmes soient prioritaires dans les procédures judiciaires, et qu’il y ait des instances civiles et pénales mises en place. Enfin, nous aimerions acquérir de nouveaux locaux à Gennevilliers, si possible dans le quartier des Grésillons, car l’association compte aujourd’hui 30 salarié·es.