Rand Hindi, le startuper qui veut faire disparaître la technologie grâce a l’intelligence artificielle
Un jour, grâce à l’intelligence artificielle, nous ne remarquerons même plus la présence des technologies dans nos vies. C’est ce que promet le jeune entrepreneur français, qui croit au potentiel de l’AI pour bâtir un futur qui fait envie.
En 2014, la Technology review du MIT l’inscrivait dans son palmarès annuel des innovateurs de moins de 35 ans. En 2015, il figurait dans le classement mondial des « 30 de moins de 30 ans » de Forbes, dans la catégorie des technologies numériques. Qui est Rand Hindi, l’homme à qui tout réussit ? Fondateur en 2012 de Snips, une start-up qui a pour mission d’« utiliser l’intelligence artificielle pour résoudre des problèmes du quotidien », Rand Hindi est un trentenaire parisien décontracté, passionné par le big data, les maths et l’informatique. Il s’est fait connaître du grand public en 2014 avec Tranquilien, une application mobile collaborative de prédiction d’affluence dans les trains d’Île-de-France, lancée en partenariat avec la SNCF. Mais depuis un an, Snips travaille sur un autre projet : « Nous avons réfléchi à quoi ressemblerait le monde avec ces centaines de milliards d’objets connectés qui arrivent sur le marché. (…) Aujourd’hui, à chaque fois que nous interagissons avec la technologie, cela nécessite ou bien d’apprendre comment nous en servir, ou bien d’interrompre ce que nous faisons pour répondre à une notification. La technologie nous dicte donc un comportement spécifique. Et comme cette technologie est la même pour tout le monde, nous finissons par tous avoir le même comportement. » Pour contrer les oiseaux de mauvais augure qui se désespèrent de l’omniprésence de la technologie dans nos vies, Rand Hindi a une idée d’une simplicité désarmante : rendre ces objets tellement intelligents et intégrés à la vie quotidienne qu’aucun·e d’entre nous ne se rendrait compte de leur présence, « comme l’électricité » autrefois.
L’intelligence artificielle à votre service
La promesse, c’est un futur plus facile à vivre, dans lequel nous ne serons pas esclaves de la technologie. « Si nous intégrons une intelligence artificielle dans chacun de ces objets, ils peuvent apprendre nos particularités individuelles, et s’adapter en fonction. Plutôt qu’une technologie unique, nous aurons chacun et chacune notre technologie. » Concrètement, Snips travaille donc à élaborer son premier produit grand public, une sorte de majordome numérique : « ce sera une porte d’entrée intelligente vers vos applis », expliquait Rand Hindi au Monde cet été. « L’objet pourra anticiper certaines actions de la personne et les faire à sa place, comme réserver un mode de transport avant un rendez-vous inscrit dans son agenda. » La « context-awareness », le fait de prendre en compte le contexte dans lequel évolue l’utilisateur·rice, permet ainsi de personnaliser entièrement son rapport aux technologies. Cette nouvelle manière d’interagir avec nos objets connectés permettra-t-elle aussi de consommer de manière plus responsable et durable ? Pour Rand Hindi, c’est une évidence, puisque « lorsque nous parlons d’intégration de la technologie dans nos vies, cela inclut bien sur l’habitat » : alors qu’un bâtiment a aujourd’hui une stratégie de consommation basique (les lumières et le chauffage restent souvent allumé·e·s alors que personne n’est là), « avec une intelligence artificielle, nous pourrions apprendre, et donc anticiper, quand une personne va rentrer, et moduler le chauffage en fonction, afin de ne rien perdre ni en qualité de vie, ni en énergie ! » Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, le développement des énergies renouvelables produites localement pourrait en bénéficier : « Cela permettrait aussi de mieux gérer la production d’énergie solaire locale, et optimiser son implantation dans une smart grid », un de ces réseaux de distribution d’électricité intelligents, qui optimisent la production, la distribution et la consommation.
Protéger les données
Qu’est-ce qui arrêtera donc l’ascension de Rand Hindi ? Si ce n’est plus la peur d’être envahi par la technologie, les questions de surveillance et de vie privée restent une question épineuse. Comment protéger les données collectées par nos myriades d’objets connectés ? Comment s’assurer qu’elles ne soient pas utilisées à des fins commerciales ou de surveillance ? Pour le jeune entrepreneur, c’est un sujet-clé, même s’il n’est pas nouveau. « Hippocrate avait déjà instauré le secret médical il y a des milliers d’années. Et suite à la Seconde Guerre mondiale, la France a instauré le secret statistique, afin d’éviter la récolte de données personnelles qui pourraient être utilisées à mauvais escient. » La réponse de Snips à l’exigence de « privacy », c’est le « privacy by design », l’idée selon laquelle des garde-fous sont intégrés au cœur même des algorithmes : « Nous travaillons sur deux technologies-clés : l’analyse des données directement sur le smartphone, ce qui nous évite de devoir les envoyer sur nos serveurs, et l’encryption homomorphique, qui permet d’effectuer des calculs mathématiques sur de la donnée chiffrée dont seul l’utilisateur·rice possède la clé ! » Un moyen d’offrir au public une protection dont il ne mesure pas toujours la cruciale importance.