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Patrick Blanc, ce botaniste street-artiste !

 

Patrick Blanc, ce botaniste street-artiste et inventeur du mur végétalisé
Patrick Blanc

Dans la fabrique urbaine internationale, chaque ville est confrontée au même défi. Celui de l’environnement. Nul·le n’est sans savoir que nous sommes aujourd’hui plus de la moitié de la population à vivre en ville. Demain, nous serons plus de trois habitant·e·s sur quatre. Un défi de densité mais aussi de qualité de vie, dans des espaces de plus en plus restreints et de plus en plus pollués.

 

Si nous devons changer nos modes de vie pour cesser de polluer notre environnement urbain, nous devons également travailler et penser autrement nos architectures en ville et paysages urbains. Si aujourd’hui nous en sommes conscient·e·s, Patrick Blanc, inventeur du mur végétalisé, l’a depuis longtemps bien compris !

 

Depuis 1978, Patrick Blanc est doctorant en biologie. Chercheur au CNRS, c’est en 1988 que “l’homme vert” dépose son premier brevet pour la confection de ses murs végétalisés. A partir de ses connaissances en botanique, il crée des structures permanentes sur lesquelles sont cultivés des végétaux. Depuis, ce sont plus de 300 murs qui ont été réalisés sous sa patte à travers le monde. Parmi eux, le plus connu étant celui du Quai Branly, réalisé en 2004, deux ans avant l’ouverture du musée qui lui est associé.

 

Si l’initiative de Patrick Blanc naît d’une rencontre entre la curiosité d’un homme et la nature, les murs végétalisés ont longtemps été vus comme de simples ornements esthétiques, constitutifs d’un nouveau regard sur le paysage urbain. Aujourd’hui, si sa technique a évolué, le regard que l’on porte sur son travail a également changé. Les murs végétaux sont sur le point de devenir partie intégrante d’une nouvelle conception architecturale, celle de la ville durable et résiliente.

 

Patrick Blanc, ce drôle de botaniste

 

Cheveux verts, ongles verts, lunettes vertes et chemises bariolées. Patrick Blanc dénote de l’idée qu’on peut se faire des chercheur·e·s du CNRS. Passionné par la nature en général il se spécialise dans les plantes tropicales dès son plus jeune âge. Sa carrière en France commence avec la réalisation du mur végétal de la Cité des sciences de la Villette. Très vite, il s’associe à des architectes comme Jean Nouvel et devient pionnier dans l’introduction de la biodiversité dans le milieu urbain et architectural.

 

C’est à l’âge de huit ans qu’il commence à s’intéresser à l’aquariophilie et aux plantes. Très vite, il se dote de son propre aquarium et cherche un moyen naturel de la dépolluer. A force de lectures, il se rend compte que les philodendrons et les cryptocorynes pourraient résoudre son problème.

 

En plantant des racines de philodendrons au cœur de ses poissons, il se rend compte que ça fonctionne ! Alors Patrick Blanc ajoute d’autres plantes et les voit pousser en hauteur. Loin de vouloir les réduire, le jeune homme commence à les accrocher au mur. Ensuite, Patrick Blanc ajoute une plaque de contreplaqué au-dessus de son aquarium pour permettre aux racines de se développer tout en se nourrissant des déjections de poissons et de sels minéraux. Ce sont les prémices de son futur mur végétal ! A force d’apports comme celui-ci, Patrick Blanc dépose un brevet pour son premier mur végétal, en 1988.

 

Les murs végétalisés : l’écologie urbaine avant l’heure ?

 

Si l’invention fait des émules, à cette époque, aucune vision écologique ne lui est associée, on parle surtout esthétique. Patrick Blanc est alors un botaniste street-artiste ! Pour sa poésie et ses compositions, il est rapidement invité à travers le monde pour réaliser ses murs végétaux.

 

Aujourd’hui, les murs végétaux sont valorisés en ville car ils font partie des solutions d’amélioration de notre cadre de vie. D’ailleurs, la Mairie de Paris s’est lancé comme défi de végétaliser 100 hectares de toits ou de façades d’ici 2020.

 

Car en effet, si les murs végétaux ont une fonction esthétique qui améliore notre paysage, elles mettent d’autres vertus à profit au sein de notre environnement urbain. Par exemple, l’apport de plantes en ville contribue à la réduction des îlots de chaleur et à l’amélioration de la qualité de l’air. Grâce au processus de photosynthèse, les plantes exercent une activité dépolluante. Le mur végétal est un immense réservoir de biodiversité et d’écologie urbaine. Un seul arbre est capable de soutirer 7 000 particules de suie et de poussière d’un litre d’air.

 

La solution que Patrick Blanc propose permet de répondre aux défis de la densité. Aujourd’hui en ville, nos espaces horizontaux sont rares et coûteux. De la même manière que nous commençons à investir les toits, pourquoi ne pas profiter de la quantité impensable d’espaces verticaux mis à notre disposition ? En termes de qualité de vie, n’est-ce également pas plus agréable d’ouvrir ses fenêtres sur une forêt, plutôt que sur un mur en béton. En installant ces murs végétaux, on change également la fonction des murs. Au lieu d’être séparateurs, ils contribuent à notre capacité d’évasion en ville et de reconnexion avec la nature.

 

Contrairement à ce que nous pourrions penser, l’installation de végétaux sur nos infrastructures contribuerait à les entretenir de manière écologique. Des études scientifiques ont démontré que l’asphalte avait une durée de vie supérieure, d’environ dix ans, quand ils ont été ombragés par la présence de plantes. En effet, les plantes contribuent à l’isolement des matériaux utilisés, que ce soit des UV, de la pluie ou du vent.

 

 

Des techniques qui ne cessent d’évoluer

 

Sa composition la plus célèbre ? La façade du Quai Branly qu’il compose en 2004, deux ans avant l’ouverture du musée. Si la technique avait déjà évolué par rapport au dépôt de son premier brevet, elle ne cesse de se perfectionner. Actuellement, Patrick Blanc vient de lancer un appel à fonds pour le renouvellement de ces 730m2 de façade.

 

La technique de rénovation utilisée consiste en la superposition de trois éléments : un isolant en laine minéral et bac acier, une feuille de PVC expansé et un feutre en polyamide constitué de vieux vêtements recyclés. Dans une optique durable de la gestion urbaine de la végétalisation de nouveaux systèmes d’humidification, d’irrigation et de récupération des eaux ont également été pensés.

 

Vidéo : https://www.commeon.com/fr/projet/quaibranly

 

Dans l’urgence environnementale, mais aussi dans cette volonté d’amélioration de notre cadre de vie urbain, l’évolution des techniques de Patrick Blanc est une initiative à suivre. Par ses actions et son travail, ce botaniste street-artiste nous montre la voie de la reconnexion entre le minéral et le végétal.

 

 

 

 

 

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