ET CONCRÈTEMENT

L’intelligence artificielle pour résoudre la crise du logement ?

 

Palpable depuis l’explosion de la bulle immobilière en 2007 et plus que jamais d’actualité avec la pandémie mondiale qui sévit toujours, la crise du logement reste un défi socio-économique de premier plan. Zoom sur les dernières solutions technologiques développées pour remédier à ce problème de fond. 

Crise du logement à travers le monde 

Dans les pages du quotidien Les Echos, Nicolas Bouzou, économiste et fondateur du cabinet de conseil Asterès, déclarait en 2018 : « La principale pénurie qui frappe les humains est celle du logement. Dans toutes les métropoles, le nombre de « homeless » augmente. Un phénomène directement corrélé à la hausse des loyers. Ce sera l’un des sujets centraux de ce siècle ». Entre les 56 000 personnes sans-abris recensées en 2020 à Los Angeles (selon l’Institut des Amériques) et les 2 785 dénombrées à Paris (Le Monde), un rien les sépare. Si leur nombre fluctue au fil des années, avec un décompte faisant d’ailleurs la distinction entre sans-abris et sans domicile fixe (100 000 en Île-de-France), une raison les rassemble : la hausse des loyers. 

Selon une étude de l’Université de Los Angeles publiée en 2018, une hausse de 5 % des loyers dans une ville de 4 millions d’habitant·es pousserait 2 000 personnes dans la rue. En 2020, le Covid a également joué un rôle. Selon une autre étude de la même année, dirigée par le Bureau de protection des consommateurs en matière financière aux États-Unis, « 11 millions de ménages, locataires et propriétaires, étaient en retard dans le paiement de leur loyer ou crédit dès décembre 2020, les exposant à un risque accru de perdre leur logement, à la saisie ou à l’expulsion au cours des prochains mois ».  

Pour remédier à cette crise, des acteurs économiques, politiques, des start-up et des gouvernements ont mis en place des solutions biberonnées à l’intelligence artificielle (IA).  

 

L’IA : prédire, simplifier et résoudre 

En août 2020, des chercheurs et chercheuses de l’Ontario au Canada ont créé Chronic Homelessness Artificial Intelligence model (CHAI), une intelligence artificielle qui permet de prédire si certains habitant·es se retrouveront sans-abris. Comment ? Par l’analyse des données personnelles (âge, origines, sexe, statut militaire, types de services municipaux sollicités et fréquence de nuitées en refuges) permettant de calculer le risque de perdre son logement pendant une période prolongée. Résultat : 93 % de réussite dans la prédiction.  

Certains organismes se sont saisis du sujet. Pour tenter de résoudre la crise, quoi de mieux que de simplifier les démarches et construire des logements accessibles. A Hong Kong, fortement touchée par la pandémie de Covid, la ville a mis en place un système d’intelligence artificielle, HePlan, afin d’analyser et d’accélérer les demandes et la validation des plans de construction. De l’autre côté de l’Atlantique, à Austin au Texas, les maisons se vendent entre 10 à 30 % au-dessus du prix du marché à cause de la surpopulation. Pour faire baisser la température, la start-up Homebound fait son entrée en ville. Son but ? Faciliter la construction de nouvelles maisons en banlieue en accompagnant depuis la phase de conception jusqu’à la finalisation de la maison, grâce à une technologie intelligente et un réseau d’expert·es – et ainsi soulager le mal logement.

 

Aider les populations fragilisées : les étudiant·es 

En France, 125 000 étudiant·es seraient actuellement en situation de précarité. Ils seraient d’ailleurs près de 40 % à habiter seul·es. Si les étudiant·es choisissent aujourd’hui les résidences étudiantes ou les appartements en colocation, cela ne concerne que 11 % d’entre eux, selon l’enquête OVE 2016. Si l’injonction à l’autonomie prime à l’heure actuelle, il est nécessaire d’accompagner ces populations fragilisées à trouver un logement convenable. La pression immobilière et le nombre élevé de demandes pour des colocations (12,6 demandes pour une chambre) pourraient être résolus grâce à l’intelligence artificielle. 

La ville de Paris en est bien consciente. La preuve : selon une étude publiée en 2019 par Oliver Wyman Forum, la capitale française serait en cinquième position des villes mondiales les mieux préparées aux changements liés à l’essor de l’intelligence artificielle. Depuis, le Ville Lumière ne s’est pas arrêtée en si bon chemin, notamment avec l’ouverture de l’institut PRAIRIE labélisé 3IA en parallèle de ceux de Grenoble, Nice et Toulouse. 

Plus récemment, en octobre 2020, la région Île-de-France a présenté un plan régional en faveur de la technologie. Dans le cadre de ce dispositif, les algorithmes mis en branle par la région pourraient permettre à des jeunes en recherche de colocations et de colocataires de s’apparier, en fonction de l’âge, de leurs goûts et centres d’intérêt. De quoi fluidifier et résoudre de manière plus rapide les demandes de logement… et d’éviter l’isolement. 

Aussi, l’IA serait-elle l’arme secrète pour combattre durablement la crise du logement ? Rendez-vous dans quelques années pour analyser attentivement l’efficacité des diverses expériences en cours. 

 

 

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