RADAR

L’économie circulaire, levier de développement pour les quartiers populaires ? 

 

 

 

Extraire, produire, consommer, jeter Comment sortir de ce modèle qui ne répond plus aux enjeux actuels L’économie circulaire invite à un changement de paradigmeRéduire, réutiliser, réemployer, recycler s’impose aujourd’hui comme une nécessité… et une opportunité pour les habitant·es ? Faisant face à plus de difficultés économiques, les habitant·es des quartiers populaires pourraient trouver dans l’économie circulaire un moyen de mieux gérer leurs ressources tout en protégeant l’environnement. Explications.    

 

  Le temps semble déjà loin où l’économie linéaire apparaissait comme le seul chemin viable permettant de garantir une production suffisante pour satisfaire les besoins des populations. Apparue pour la première fois lors du Grenelle de l’Environnement en 2007 et inscrite dans la loi anti-gaspillage promulguée en février 2020, la notion de circularité s’impose aujourd’hui comme un modèle à la fois vertueux et novateur. Recycler permet de réduire à la fois les dépenses et l’impact environnemental, d’inscrire les populations dans un projet collectif et de générer de la solidarité entre les habitant·es. Autant d’atouts pour redynamiser les quartiers défavorisés tout en réinventant le lien qui unit l’habitant·e et le territoire. Et les projets ne manquent pas… De la réparation des objets du quotidien au recyclage des déchets, les initiatives circulaires deviennent de plus en plus nombreuses dans les quartiers. 

 

Recycler permet de réduire à la fois les dépenses et l’impact environnemental, d’inscrire les populations dans un projet collectif et de générer de la solidarité entre les habitant·es

 

Villes, logements et habitant·es : bâtir ensemble des projets innovants 

  À Vaulx-en-Velin, dans le Rhônel’association Oasis récupère les chutes de tissus qui sont données gracieusement par les entreprises textiles de la région, et même les draps d’hôpitaux, afin de fabriquer de nouveaux vêtements vendus à petits prix. Les habitant·es de ce quartier populaire peuvent ainsi s’habiller à moindre frais tandis que l’association a pu embaucher quatre couturières qui étaient en chômage de longue durée 

 Dans la ville de Fécamp, au cœur du quartier populaire du Ramponneau, le projet « Ma petite Proxi’clerie » a vu le jour en en 2017 sous l’impulsion du bailleur social 3F. Le concept est simple : mêler développement durable, insertion sociale et transmission des savoirs grâce à une recyclerie de proximité. Cet espace de 380 mètres carrés regorge de mobilier, électroménager, vêtements, jouets, livres, sans oublier la tenue d’ateliers gratuits pour apprendre à coudre, à concevoir des produits d’entretien écologiques ou à fabriquer du papier recyclé. Le succès du lieu est tel qu’il attire même des habitant·es venu·es d’autres quartiers de la villeouvrant ainsi le Ramponneau sur l’extérieur. 

 À Lyon, la Métropole s’est associée aux bailleurs sociaux pour lancer l’opération Tri Box afin d’apporter une solution au recyclage des encombrants, et plus généralement de tous les déchets produits par les habitant·esLes bailleurs sociaux proposent aux locataires de déposer leurs encombrants dans des locaux dédiés situés à proximité de leurs immeubles. Les déchets sont ensuite triés avant d’être confiés à des éco-organismes qui vont les recycler en fonction de leur spécificité : verre, cartons, matériel électronique, meubles, piles, plastiques, ferrailles ou encore vêtements. 

  Avec le même objectif, le bailleur Est métropole Habitat est à l’initiative, depuis 2015, de l’opération TRIauLOGIS qui vise à « rechercher des solutions écologiques et économiques pour des petits budgets dans une démarche de développement durable ».  Le recyclage a le vent en poupe. 

  Ce ne sont cependant pas les seuls champs d’application de l’économie circulaire. Pour les bailleurs sociaux, elle représente aussi un moyen pour aligner leurs projets de construction avec les défis environnementaux.  

  

Construire autrement  

  À Paris, la Caserne de Reuilly, qui comptabilise 582 logements sociaux, a été un terrain d’expérimentation de l’économie circulaire dans le bâti. Paris Habitat, en charge de la réhabilitation de cet ancien centre militaire en parc immobilier, a recyclé parquets, parpaings, briques, fenêtres, radiateurs, portes, et même les pavés de la place d’arme pour éviter de les mettre à la benne. En tout, ce sont des milliers de tonnes de déchets qui ont trouvé une nouvelle vie en servant à reconstruire le bâtiment. Sans compter que ceux qui étaient en trop mauvais état pour être recyclés ont pu être vendus aux professionnel·les du BTP, l’idée étant de ne rien jeter pour ne pas polluer.  

L’initiative se retrouve également dans le 11e arrondissement de Paris, où 3F transformera un ancien garage Renaut en 134 logements sociaux, locaux d’activité, commerces et ferme urbaine ! L’économie circulaire est placée au cœur du projet, via le partenariat avec Cycle up, une plateforme de réemploi des matériaux de construction  

 

 De leur côté, les étudiant·es des écoles d’architecture de Nancy et deStrasbourg ont réfléchi au logement social du futur et ont planché sur le projet de réhabilitation de l’ancien groupe hospitalier Fournier-Villemin-Maringer, baptisé le « Villemin-lab». Parallèlement à Mulhouse, c’est le projet de reconversion de la caserne Lefebvre en 108 logements sociaux qui a vu le jour. Le bâtiment permet la récupération de chaleur sur les eaux usées afin de fournir les besoins énergétiques correspondants aux deux tiers de la consommation globale.  

 Les mastodontes du BTP montrent eux aussi l’exemple. Toujours à Paris, Bouygues Construction a réussi à rénover, en 2018, la résidence d’habitat social Les Fushias en réutilisant 80% des matériaux.  

  Alors qu’elle progresse partout en France, la circularité apparaît comme un moyen de réinventer la production de ressources et la façon de construire dans les quartiers populaires, au bénéfice des habitant·es comme du secteur HLM. 

 

Exergues : 

 

 

 

Top articles