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Le boom de la construction hors-site  

 

 

 

Plébiscitée par les professionnel·les du BTP, la construction hors-site est depuis peu en très nette progression au niveau mondial. Comment expliquer cet engouement soudain pour ce système constructif centré sur la préfabrication ?

 

Selon une étude de 2018 du cabinet Markets and Markets, le marché mondial de la construction hors-site devrait peser 157 milliards de dollars en 2023, contre 106 milliards en 2017, soit une augmentation de 48 % en 5 ans. En France, la construction modulaire affiche toutefois une progression plus timide, le secteur semblant encore attaché à une organisation traditionnelle centrée sur le chantier. Plus rapide, plus économique et plus vertueuse sur le plan environnemental, 3F échos responsables fait le point sur ce nouveau mode de construction au succès grandissant.

 

Répondre à la crise du logement

Depuis de nombreuses années, le secteur immobilier est confronté à des problèmes récurrents qui ne trouvent pas aujourd’hui de solution : prix au mètre carré trop élevé, manque de logements, difficulté grandissante à se loger dans les grandes villes, là où se concentrent les emplois.

Reposant sur un principe de fabrication en deux temps, qui commence en usine par la conception des principaux éléments d’un bâtiment et qui se poursuit par leur assemblage sur le chantier, la construction hors-site, également appelée modulaire, permet de produire des logements plus rapidement et à des tarifs moins élevés, tout en polluant moins. Autant d’atouts pour faciliter l’accès de tous et toutes à un toit.

« La construction modulaire permet un transfert d’heures du chantier vers l’usine et une mise en œuvre beaucoup plus rapide : les temps de montage sur site sont divisés par deux. » selon Pascal Chazal, fondateur de la plateforme « Hors-Site », entièrement dédiée à la construction préfabriquée. Sans compter la réduction des nuisances sonores. Résultat, il ne faut souvent que quelques semaines là où il fallait plusieurs mois pour qu’un bâtiment soit livré à son destinataire.

Une réduction des délais qui influe également sur les coûts. Selon les industriels de la filière, un logement modulaire serait aujourd’hui 20 à 30 % moins cher qu’un logement classique. Une baisse des prix qui a récemment incité plusieurs grandes villes, comme Singapour, New-York ou encore Londres, à privilégier la construction hors-site pour faire sortir de terre des habitats abordables.

 

Mobiliser les super pouvoirs de l’industrie

Outre une plus grande rapidité d’exécution, l’usinage permet également une réduction significative des émissions de CO2, notamment en ayant recours à des matériaux bois et biosourcés, recyclant à 95 % les matériaux, soit trois fois plus que sur un chantier classique selon l’Ademe, et en réduisant les déchets de construction. Mais ce n’est pas son seul avantage.

Il permet aussi une nette amélioration de la qualité des constructions grâce à la précision apportée par les chaînes de production industrielle, impossible à égaler dans le BTP. Effet collatéral, il pourrait ainsi faire baisser le nombre de litiges à la livraison, qui ont explosé ces dernières années.

Cerise sur le gâteau, l’usinage peut mobiliser les ressources de l’impression 3D pour façonner certains éléments sur mesure, comme par exemple les poignées de porte, qui seront ensuite ajoutées au bâtiment lors de son assemblage, et qui correspondront parfaitement aux attentes des habitant·es.

 

Nouvel écosystème

A 100% dans l’air du temps, le logement modulaire peut de même, grâce à son adaptabilité, faire intervenir les acteurs de la proptech, de la smart home ou encore de l’ameublement pour enrichir sa chaîne de valeur.

L’histoire ne fait que commencer. L’arrivée sur ce nouveau marché de « géants » comme Amazon, Airbnb ou encore Ikea, qui s’est associé avec Marriott pour créer les hôtels modulaires Moxi, alors même que les principaux groupes du BTP sont en train de se positionner, témoigne de son fort potentiel.

D’autant que la technologie ne cesse de repousser les limites de ce qu’il est possible de faire. En novembre dernier, la société britannique Tide Construction annonçait avoir achevé deux tours de 136 mètres de hauteur à Londres, en assemblant des logements à 100 % fabriqués en usine, établissant ainsi un nouveau record. Demain, il sera très certainement possible de construire tout type de bâtiment hors-site, même les plus imposants. Pour ce faire c’est toute une filière qui doit s’adapter et faire évoluer ses pratiques, à commencer par la réorganisation des modes d’achat. Affaire à suivre…

 

Dans le cadre de sa stratégie bas carbone, 3F développe des projets de construction hors-site depuis plusieurs années. Comme à Rive-de-Gier (Loire), avec la préfabrication de panneaux ossature bois, planchers béton, structure métallique escaliers/paliers et même de salles de bain modulaires pour un programme de 60 logements sociaux. Ou encore à Saulx-les-Chartreux (Essonne) avec la préfabrication en atelier de toute la structure bois – murs porteurs et planchers – d’un programme de 49 logements. A la clé : des délais de montage pouvant être réduits de moitié par rapport à la filière classique.

 

 

 

 

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