Propice aux expérimentations, le confinement a fait une place de choix à la réalité virtuelle. Celle-ci s’est révélée particulièrement utile et ses nombreux atouts pourraient lui offrir un avenir radieux dans le logement social.

Dans l’inconscient collectif, la réalité virtuelle (VR) renvoyait jusqu’alors l’image d’un casque porté par un·e adolescent·e, type Oculus, commercialisé par Facebook, et sa batterie de jeux, tous plus immersifs les uns que les autres… Changement de tonalité aujourd’hui : ses multiples applications séduisent désormais le secteur du logement social qui l’utilise pour répondre aux besoins des locataires ou des équipes.

La VR pour dépanner les locataires

Les équipes techniques ne peuvent pas se déplacer ? Un problème, une solution ! Pendant la crise du Covid-19, Kingdom Housing Association a été le tout premier bailleur social britannique à se lancer dans la technologie VR pour porter assistance à ses locataires. Comment ? Via une collaboration avec la startup suédoise XMReality, qui a développé une technologie permettant aux équipes de maintenance d’être virtuellement présentes chez un·e locataire pour lui prodiguer assistance et conseil sans mettre un pied dans le logement. Alors concrètement, comment ça marche ? Pour les petites et moyennes réparations du quotidien, la main virtuelle de l’agent·e de maintenance se superpose à celle du / de la locataire, de façon à guider ses gestes. Le bailleur social écossais évoque ainsi la possibilité de réparer une porte, raccorder une machine à laver ou encore d’offrir des conseils dans le domaine de la santé tout en maintenant la distanciation physique à propos.

« Cette technologie a le potentiel de changer la donne. Je n’avais tout simplement pas réalisé à quel point c’était utile jusqu’à ce que nous soyons enfermés et que les agents ne puissent plus réaliser les réparations de routine en raison du confinement. Nos locataires ont été étonnés de la simplicité d’utilisation de ce dispositif et nous avons déjà eu des retours très positifs. Pendant la pandémie, notre priorité restait la santé et le bien-être de nos locataires et de notre personnel », explique Gary Haldane, le directeur numérique par intérim du bailleur britannique.

La réalité virtuelle appliquée à l’immobilier devrait représenter un marché de 2,6 milliards de dollars à l’horizon 2025

La VR pour former les gardien·nes à la surveillance du patrimoine

Selon une étude de Goldman Sachs, la réalité virtuelle appliquée à l’immobilier devrait représenter un marché de 2,6 milliards de dollars à l’horizon 2025. Pour Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, les potentialités de la VR dans sa capacité à nous permettre d’être présent·e n’importe où virtuellement, en fait même une solution à la crise du logement qui touche aujourd’hui de nombreuses capitales mondiales. « Aujourd’hui, beaucoup de gens ont l’impression qu’ils doivent déménager en ville parce que c’est là que se trouvent les emplois. Mais il n’y a pas assez de logements dans de nombreuses villes, donc les coûts du logement augmentent alors que la qualité de vie diminue. Imaginez si vous pouviez vivre n’importe où vous l’avez choisi et accéder à n’importe quel emploi ailleurs. Si nous livrons ce que nous construisons, cela devrait être beaucoup plus proche de la réalité d’ici 2030 » a déclaré le patron du réseau social Facebook dans l’un de ses récents posts.

En attendant que la VR ne s’attaque à la pénurie de logements, chez le bailleur social 3F, la réalité virtuelle a trouvé une utilisation très concrète ! On l’utilise pour former les gardiens et gardiennes d’immeubles à la surveillance du patrimoine. En se déplaçant de manière virtuelle et ludique dans la maquette BIM d’une vraie résidence, les gardien·nes traquent ainsi les dysfonctionnements éventuels, dans les parkings par exemple. Une immersion en 3D qui fait gagner du temps – en évitant les déplacements sur site – et qui permet d’étudier de nombreuses situations.

Visiter un logement social sans se déplacer, réparer une machine à laver à distance, former les salarié·es à la surveillance du patrimoine… la VR a clairement mis un pied dans le logement social. Et pourrait bien, à l’avenir, vouloir y mettre les deux pieds. Et pour cause, la réalité virtuelle s’intéresse tout particulièrement à un public que l’on retrouve beaucoup dans le logement social : les personnes âgées. Les bailleurs sociaux seront-ils tentés, après la crise sanitaire qui aura démontré la pertinence de cette technologie, de pérenniser l’expérience et de faire de la VR une nouvelle réalité dans le logement social ?