ET CONCRÈTEMENT

Jeter ses déchets organiques dans un bac à compost

 

Exemple de bac à compost

Les Allemandes et les Allemands le font depuis des années : trier le papier, le verre, le plastique… mais aussi les déchets organiques compostables, qui échouent dans un bac spécial, présent dans toutes les cours d’immeuble.

En France, si la filière du bio-déchet n’est pas encore développée à grande échelle, il est néanmoins possible de prendre l’initiative d’installer un bac à compost dans son jardin, sa résidence ou même son balcon. Comment procéder ? Et quels résultats pouvons-nous espérer obtenir ?

S’approprier l’idée

Tout d’abord, un bac à compost, cela fonctionne comment ? Le site consommerdurable.com livre un mode d’emploi : « Le composteur (…) doit être en contact direct avec la terre et placé dans un lieu accessible, sur une surface plate, sur un terrain bien drainé, à mi-ombre, à l’abri du vent, loin d’un espace d’agrément (terrasse) et de vos voisin·e·s. »

Une fois le lieu idéal trouvé, on peut commencer à jeter dans le composteur les feuillages et mauvaises herbes, mais aussi les déchets domestiques comme les épluchures, les coquilles d’oeuf, les pâtes, le marc de café, etc. Alors que, comme le rappelle l’Ademe, les déchets organiques représentent 40 à 60 % de la poubelle moyenne d’un ménage, le compost est un bon moyen de l’alléger. Si l’on ne dispose pas de son propre jardin, il est possible d’installer un composteur en parties communes. Mais cela ne se fait pas du jour au lendemain.

Comme pour tous les projets qui changent les habitudes, il faut, au départ, une ou plusieurs personnes assez motivées pour le faire vivre. Marine Tournier-Lasserve, référente technique Énergie, équipements et sécurité chez 3F, se souvient ainsi d’un projet lancé en 2011 à Valençon par la gardienne d’une résidence. « Récemment, cette gardienne très motivée, qui était vraiment le pilier du projet, a été mutée donc nous avons eu un petit temps de stand-by. Mais a priori c’est reparti, d’autres gardiens ont pris le relais. Le facteur humain est très important pour que cela fonctionne. Il faut une appropriation de la part des résident·e·s. »

Installer un bac à compost pour recycler les déchets organiques implique donc quelques pré-requis : d’abord identifier les locataires intéressé·e·s et, inversement, celles et ceux qui seraient opposé·e·s au projet, au moyen d’un questionnaire d’intérêt. Ensuite, impliquer les équipes de proximité, c’est-à-dire les gardien·ne·s, notamment en les formant aux techniques de compostage. Enfin, mener un travail étroit avec les collectivités locales et les syndicats d’ordures ménagères. « Aujourd’hui, les collectivités sont très nombreuses à soutenir l’installation de bacs à compost, notamment en fournissant des bacs à bas prix et des formations pour les gardien·ne·s », se félicite Marine Tournier-Lasserve. Elle voit un intérêt pédagogique évident au concept, et même une dimension valorisante : « le déchet devient une ressource ».

Opérer un suivi régulier

Tout l’enjeu, une fois le projet mis en place, consiste à ne pas le laisser s’essouffler. Le suivi est capital dans ce genre d’initiatives, où l’implication des résident·e·s et gardien·ne·s est cruciale pour instaurer une solution pérenne. Cela passe par des réunions d’information, des notices d’utilisation pour rappeler ce qui se composte et ce qui ne se composte pas, la désignation d’un référent ou d’une référente qui s’assure que tout fonctionne bien, etc. Si tout va bien, le bac à compost est aussi un « prétexte à se rencontrer, à échanger, cela crée une dynamique collective dans la résidence », appuie Marine Tournier-Lasserve.

Les habitant·e·s peuvent aussi avoir un intérêt à récupérer du compost pour leur jardin, si elle·il·s en ont un, ou pour les jardinières sur leurs fenêtres. L’Ademe, auteure d’une fiche pratique sur le compost en avril 2015, souligne ainsi qu’« en règle générale, il y a assez de compost pour les besoins de chaque foyer participant et souvent même pour fertiliser les espaces verts communs. » La question du débouché commercial peut être pertinente pour de gros volumes, qui ne peuvent être entièrement réutilisés par les résident·e·s et auraient donc intérêt à être revendus à des agriculteur·rice·s implanté·e·s localement, par exemple.

Mais chez 3F, l’initiative compost est en dehors du système marchand. Pour Marine Tournier Lasserve, la priorité n’est pas de se fixer des objectifs quantitatifs, mais d’abord de dresser un bilan de la politique de 3F sur les jardins, avec notamment des réflexions sur le compostage ou l’écopâturage. « Dans un premier temps, il est bien de se concentrer sur les sites où les locataires sont intéressé·e·s. Un tel projet, même s’il n’est pas excessivement technique, demande pas mal d’accompagnement et ne se monte pas du jour au lendemain. »

En tous les cas, l’idée fait son chemin, chez 3F et ailleurs. Et pour celles et ceux qui n’ont ni jardin, ni espace vert partagé, il est toujours possible d’installer un lombricomposteur sur le balcon et de laisser les lombrics transformer vos déchets en fertilisant naturel. Alors, prêt·e·s à sauter le pas ?

 

 

 

 

 

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