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Je vis dans un logement à temps partiel

 

 

Avec l’avènement du télétravail et l’exode rural (et péri-urbain) d’un certain nombre de citadin·es suite à la crise sanitaire, une offre immobilière inédite est en train de se développer pour accompagner ces nouveaux usages. Sa dénomination officielle ? Le logement à temps partiel. Zoom sur les déclinaisons à date de ce concept d’avenir.

Quitter la ville pour vivre à la campagne. L’année 2020 a poussé un nombre non négligeable de citadin·es à retrouver le calme des grands espaces, à changer de mode de vie. 29% des habitant·es de l’Île-de-France annoncent leur intention de déménager dans l’année. Selon le Baromètre LPI-SeLoger de décembre 2020, entre les mois d’avril et juillet de la même année, les transactions immobilières ont accusé une hausse de 460 %, dont un pourcentage élevé de parisien·nes fuyant la capitale. L’avènement du télétravail a été un facilitateur dans la prise de décision. Toutefois, beaucoup continuent de travailler dans les grandes villes, notamment à Paris, et doivent effectuer régulièrement des allers-retours entre leur résidence et leur lieu de travail. Ce qui soulève la question de l’hébergement et la difficulté de trouver une solution adaptée à ces nouveaux usages. L’agence d’architecture Majma a dessiné les contours du projet « Part-Time Parisiens » (Parisien·nes à temps partiel) dans le cadre de FAIRE 2020, l’accélérateur de projets urbains et architecturaux innovants lancé par le Pavillon de l’Arsenal, lançant ainsi l’idée d’un logement à temps partiel.

 

Comment cela fonctionne ?

Cinq jours à Châlons-en-Champagne, deux à Paris. Fini le bureau du lundi au vendredi, les nouveaux télétravailleurs et télétravailleuses concentrent leur présence quelques jours par semaine. D’ailleurs selon Antoine Maitre, co-fondateur de l’agence Majma, « aujourd’hui, il n’existe pas de solution de logement réellement adaptée à ces habitants intermittents. Paris doit aujourd’hui anticiper ces nouveaux modes de vie hybrides, qui contribuent à l’équilibre métropole/territoires ».

L’idée serait donc de partager un bail entre plusieurs locataires, non pas sur l’espace mais sur le temps pour avoir un pied à terre disponible et personnel. Par exemple, un·e locataire pourrait occuper l’appartement le lundi et le mardi, un·e autre le mercredi et le dernier les jours restants. Le loyer est ainsi divisé en nombre de nuitées. Pour ces habitant·es pendulaires, « ces solutions sont des alternatives aux logements temporaires (hôtels et Airbnb) et pourraient « recycler » des ressources locatives non exploitées telles que des chambres de services inhabitées, des bureaux vides ou des établissements hôteliers fragilisés par le confinement », ajoute Antoine Maître.

 

Une étude pour mieux comprendre les besoins des télétravailleur·euses

Accompagné par l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL), le Lab – Cheuvreux et le Pavillon de l’Arsenal, le projet entend documenter les attentes et les besoins des travailleur·euses pendulaires grâce à une étude en ligne. Parmi les questions posées sur la plateforme de sondage : la fréquence de déplacement, le budget, le partage des espaces, le ménage et les lieux de rangements.

Dans Le Parisien, Raphaelle Laporte, 45 ans, témoigne de son quotidien. Elle habite à Lille et travaille à Paris depuis 2018 : « J’ai la chance d’avoir une maison avec jardin à Lille (…). En porte-à-porte, c’est 1h30 de trajet : 15 minutes de vélo, 1 heure de TGV – dans lequel je travaille – et 15 minutes de vélo ensuite… ». Un autre, Jordan Chenevier, 29 ans, travaille la moitié du mois dans la capitale : « À Paris, j’avais un problème : c’est que je n’avais aucun loisir sans dépenser de l’argent, explique-t-il. J’ai donc posé comme condition, à mon embauche, de pouvoir télétravailler une partie du temps… ».

Pour s’adapter à cette nouvelle demande, plusieurs solutions s’offrent à Raphaëlle, Jordan et leurs congénères. Quelles sont-elles ?

 

Entre immeuble dédié et services adaptés

Pour le cabinet d’architecture Majma, les résultats du sondage permettront de voir plus loin. Si de prime abord, l’occupation des lieux fragilisés pendant la crise, comme les hôtels, évoqués ci-dessus reste une priorité pour 2021, l’année suivante sera à la conception d’un projet dédié. L’objectif ici est en effet de réfléchir à un immeuble prototype pour accueillir ces salarié·es pendulaires.

Parallèlement, des services ciblés existent déjà. C’est le cas de la plateforme Weekaway fondée par Marie-Christine Crolard, qui permet de mettre en relation travailleur·euses et propriétaires de logement libre ou habité à temps partiel au tarif de 400 à 500 euros pour une chambre et de 600 à700 euros pour un studio. « Il y a les hôtels, les apparts hôtels, les Airbnb, mais cela ne convient pas à ces travailleurs car ils ne peuvent pas y laisser leurs affaires, donc ça les contraint à se déplacer toujours chargés », explique-t-elle au Parisien. La demande, croissante depuis la généralisation du télétravail, a permis à nombre de soignant·es appelé·es de toute la France en 2020 de se loger plus sereinement. Pour preuve, le site web abrite déjà une centaine de logements. De quoi faire fleurir un business… à temps plein.

 

 

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