Intégrer professionnellement les jeunes diplômé·es par le mentorat
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Directrice du réseau de l’association “Nos Quartiers ont des Talents” (NQT), Linda Sagodira explique l’ambition de la structure de parvenir à l’égalité dans l’emploi et donne sa vision de l’inclusion.
Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est « Nos Quartiers ont des Talents » et revenir sur sa genèse ?
L’association NQT existe depuis 15 ans, et elle est reconnue d’intérêt général.
En 2005, Yazid Chir entrepreneur et président du MEDEF 93 Ouest, rencontre Jean-Luc, jeune Français d’origine centrafricaine né à Saint-Denis et titulaire de deux masters. Ne trouvant aucun emploi à la hauteur de ses compétences, il cache ses diplômes pour postuler à des jobs alimentaires. De cette rencontre va naître le concept NQT, un dispositif visant à accompagner les jeunes diplômés dans leur recherche d’emploi, grâce à la mise en place d’un système de parrainage unique en France.
Combien de jeunes accompagnez-vous ? Quelles sont leurs difficultés ?
En 2020, nous avons accompagné environ 12 000 jeunes et intégré 8 000 nouveaux au dispositif. Soit 50 % de plus que l’année précédente, notamment en raison de la crise sanitaire.
Au total, nous avons donc déjà accompagné 60 000 jeunes partout en France, et dans les DOM.
Ces jeunes ont un point commun : le manque de réseau. Elles et ils sont majoritairement originaires de milieux modestes et issu·es des quartiers prioritaires ou des zones de revitalisation rurale.
Comment accompagnez-vous les jeunes, concrètement ?
NQT propose un programme de mentorat professionnel dédié aux jeunes diplômé·es (Bac +3 minimum et moins de 30 ans). Suite à leur inscription en ligne, les jeunes diplômés sont mis en relation avec des mentor·es des entreprises en fonction de leurs compétences et de leur localisation. Pour l’entreprise, l’engagement passe à la fois par un soutien financier et du temps dédié au mentorat. Chaque mois, les mentor·es – des cadres avec plus de huit ans d’expérience en moyenne – donnent deux à trois heures de leur temps pour cette mission de mentorat. Les mentor·es donnent des conseils pour se faire recruter (aide au CV, lettre de motivation, préparation d’entretien…), partagent les codes du monde de l’entreprise, et peuvent également ouvrir l’accès à leur réseau.
Un exemple particulier de réussite d’insertion professionnelle ?
Les exemples sont nombreux et nous permettent de démontrer que le mentorat est un dispositif qui fonctionne ! 70% des jeunes mentorés trouvent un emploi à la hauteur de leurs compétences dans les 6 premiers mois de leur recherche avec l’accompagnement d’un mentor.
Il y a huit ans, une jeune femme accompagnée par un cadre d’une banque est devenue depuis DRH d’un grand groupe. Elle souhaitait s’engager dans le mentorat pour rendre la pareille. Cette personne siège aujourd’hui à notre conseil d’administration.
Selon-vous, par quoi débute l’inclusion ?
Aujourd’hui, les entreprises, quelle que soit leur taille, s’engagent davantage en matière d’égalité des chances. L’inclusion se joue à plusieurs niveaux ; les entreprises s’imprègnent de plus en plus du sujet et d’autres acteurs s’en saisissent également. Il y a un vrai élan de solidarité dans ces structures et nous avançons pas à pas. Quant aux jeunes bénéficiaires du dispositif NQT, ils sont résilients, ont réussi envers et contre tout à décrocher un diplôme ; avec nos partenaires, nous devons donc être à la hauteur.
Vous êtes d’ailleurs partenaire du bailleur social 3F dans cet accompagnement. Comment cela s’inscrit-il dans la démarche d’insertion ? Quel bilan en faites-vous ?
3F loge 800 000 personnes …. Parmi elles, il y a forcément de potentiel·les jeunes mentoré·es ! 3F nous accompagne donc dans le sourcing des jeunes via des opérations de communication dans les immeubles. Il se positionne également en tant que mentor, en engageant ses cadres dans la démarche. Du fait de sa dimension, 3F permet le passage de témoin au niveau national et surtout sur la plupart des fonctions support : communication, marketing et RH. Grâce à la mobilisation de nos entreprises, adhérent·es et partenaires nous pouvons être à la hauteur de la demande et avoir un engagement aussi exponentiel que le nombre de jeunes qui arrivent chez nous.
Quelles seront vos futures actions ?
En septembre 2020, pendant deux semaines, nous avons créé un évènement extrêmement important qui a eu un écho national. Avec Pôle emploi et la direction nationale de l’APEC, nous avons créé un salon virtuel qui a attiré plus de 17 000 jeunes et plus de 700 entreprises exposantes. Ce salon était à destination des jeunes pour leur premier emploi et la recherche d’alternance. C’est notre grande fierté de 2020 et nous aimerions évidemment reproduire l’expérience en 2021.