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Habitat : plein gaz vers l’hydrogène

 

 

Trouver une alternative aux énergies fossiles et au gaz naturel pour se chauffer, se déplacer, s’éclairer est une des priorités européennes en matière d’énergie. Aujourd’hui, du Japon à la Suède en passant par l’Occitanie, l’hydrogène tend à prendre cette place et fait doucement son nid chez les particuliers. Jugée plus écologique mais onéreuse, quelle est la position et le futur de cette énergie vantée par les autorités françaises ?

 

L’hydrogène : fonctions et fonctionnements

Rapide coup d’œil dans le rétro. En mars 2018, France 3 diffusait le reportage Innovation : promenade en vélo à hydrogène. Un an et demi plus tard, c’est au tour de France 2 de mettre en lumière l’usage de l’hydrogène dans nos villes : Transports : des bus écologiques à hydrogène dans les rues de Lille. Aujourd’hui, les Français·es zappent et reviennent sur France 3 pour découvrir des logements chauffés à l’hydrogène. Mais pourquoi tant d’engouement pour cette énergie ? Tout d’abord, l’hydrogène est l’élément le plus abondant dans l’univers. Associé avec l’oxygène, il forme la molécule d’eau et constitue une nouvelle source de production d’électricité propre, via la pile à combustible. Elle s’appuie principalement sur l’électrolyse de l’eau pour produire de l’électricité, et ne dégage que de l’eau. Mais l’hydrogène a de multiples fonctions autre que la production d’électricité : elle permet également de chauffer via des chaudières dédiées (voir plus bas) et de se déplacer, via des piles à combustibles installées sur les véhicules adaptés.

De ce fait, en 2018, Nicolas Hulot alors ministre de la Transition Écologique lance un plan d’aide de 100 millions d’euros sur trois ans et fixe pour objectif une utilisation de l’hydrogène vert à hauteur de 40 % d’ici 2028. Aujourd’hui, les régions sont les principales sources de financement de cette transition. Sur le podium, l’Occitanie et son investissement de 150 millions d’euros en 2019. La région abrite aujourd’hui les premiers logements français alimentés à l’hydrogène.

 

Les logements à hydrogène, énergétiquement bien lotis ?

À l’heure où « l’ambition de GRDF est de distribuer 30 % de gaz renouvelable à horizon 2030 » comme l’annonce Sébastien Wagner, responsable de l’agence Occitanie Méditerranée de GRDF, c’est au cœur des logements sociaux de la résidence du Clos d’Arènes à Montpellier que le test grandeur nature prend place. Un résident témoigne : « La répartition de la chaleur dans mon logement est plus uniforme qu’avant. Nous avons un peu plus de débit d’eau ». D’ailleurs : « le coût d’entretien est inclus dans les charges locatives et revient au même prix que l’entretien d’une chaudière », ajoute-t-il. Selon les calculs de GRDF : « chaque mois, la facture s’élève à 150 euros pour cette famille. Elle pourrait donc économiser entre 250 et 400 euros par an ».

 

Chaque mois, la facture s’élève à 150 euros pour cette famille. Elle pourrait donc économiser entre 250 et 400 euros par an

 

Pour Pierre-Etienne Franc, vice-président d’Airliquide « l’hydrogène est la solution durable de demain ». Partout et pour tous et toutes ? La ville de Belfort en est en tout cas la figure de proue puisqu’elle sera la première ville hexagonale à accueillir des logements à l’hydrogène, et ce dès 2022.

En Italie déjà, grâce aux recherches de la branche italienne du groupe BDR Thermea qui a développé une chaudière murale utilisant l’hydrogène comme combustible. Un modèle qui s’est exporté aux Pays-Bas, plus précisément dans la ville de Rozenburg où un bâtiment de logements sociaux a vu sa chaufferie rénovée. Mais aussi en Grande-Bretagne, pays pionnier dans l’hydrogène, où 400 de ces chaudières ont été installées en 2020. Néanmoins, si cet investissement de 30 000 euros par chaudière a été pris en charge, en Occitanie, par de nombreux acteurs locaux et l’Union européenne, son coût pourrait freiner certains investisseurs, notamment les particuliers.

 

Investir pour mieux répondre aux besoins

 

L’hydrogène est la solution durable de demain

 

Le gouvernement français donne naissance à de nombreux plans d’investissement concernant cette énergie. En 2020, c’est le secteur de la mobilité qui a pu se doter de huit milliards d’euros. Parallèlement, le secteur du logement a également besoin de ce coup de pouce pour transformer ces sources énergétiques onéreuses (hors constructions neuves). À Montpellier, GRDF, le bailleur social ACM Habitat, l’Ademe et l’Union européenne, se sont réuni·es pour investir dans cette rénovation. Plus la demande est présente, plus l’investissement dans la recherche autour de la diminution du coût de production de l’hydrogène et des matériaux composants le sera : « Nous sommes en train de développer le plus vite possible des capacités importantes d’électrolyse, pour que ces solutions durables de demain soit compétitives rapidement », explique Pierre-Etienne Franc, le vice-président d’Airliquide. Pour qu’enfin, l’expression « de l’eau dans le gaz » soit synonyme de bonheur ?

 

 

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