Élisabeth Oïffer, celle qui ne lâche jamais
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Qu’est-ce-qui anime Élisabeth Oïffer ? Pourquoi la responsable de l’association Aspir s’implique-t-elle avec autant de générosité pour accompagner les résidents et résidentes du quartier de L’Haÿ-les-Roses ? Portrait d’une femme engagée.
Ce qui frappe lorsque l’on rencontre Élisabeth Oïffer pour la première fois, c’est sa parfaite décontraction. Comme si elle avait toujours été là, au cœur de la cité Violettes-Pervenches, à L’Haÿ-les-Roses. Et pourtant, la responsable de l’association Aspir, une structure qui accompagne des familles, des jeunes, des adultes en leur prodiguant des ateliers de français et un accompagnement dans leurs démarches administratives, a épousé le monde associatif sur le tard. Après une formation de juriste et de scientifique, Élisabeth Oïffer a travaillé quelques années dans le secteur industriel et l’entreprenariat avant de rejoindre le monde associatif.
Du bénévolat aux responsabilités associatives
Et donc, comment passe-t-on de la chimie au milieu associatif ? Après s’être impliquée dans sa ville à Bourg-la-Reine, une amie lui parle des besoins sur la commune de L’Haÿ-les-Roses. Ils seraient, là-bas, à la recherche de bénévoles pour dispenser des cours de français à destination des mamans du quartier mais aussi pour de l’accompagnement à la scolarité. Une histoire de rencontre selon Élisabeth Oïffer : « Je faisais ça bénévolement et j’ai quitté mon emploi pour rentrer dans quelque chose qui me tenait à cœur, comme les gens font à un certain âge. Ils m’ont trouvé crédible et je me suis ainsi retrouvée à faire de l’apprentissage du français et de l’accompagnement à la scolarité ».
Sous l’impulsion de la sous-préfète de l’époque, l’association Aspir se crée. Nelly Bitar, directrice de l’Accompagnement à la scolarité, en devient la présidente et l’association bénéficie du premier poste adulte-relais du département, un autre poste salarié suivra afin de répondre aux besoins de 300 familles accompagnées sur le territoire. De quoi accélérer le développement du tout premier relais adulte sur le département. « Ma priorité ce sont les personnes, c’est défendre cette égalité et cette fraternité », raconte Élisabeth Oïffer.
L’intégration par la maîtrise des codes sociaux
En plus des deux modules de six heures adressés dans le cadre de la formation civique obligatoire du contrat d’intégration républicaine, Élisabeth Oïffer s’adapte aux besoins des personnes qui fréquentent son association. « À l’époque, l’apprentissage du français semblait la priorité mais très vite nous sommes arrivés sur les questions des codes sociaux », explique-t-elle. Accéder à une formation, un emploi, se débrouiller dans les démarches administratives, devenir autonome, passer le permis, être parent d’élève, comprendre le système scolaire, le domaine de la scolarité… il s’agit bien d’offrir aux membres toutes les clés pour faciliter leur vie quotidienne. Et quand ça coince, la responsable d’Aspir est toujours de bon conseil pour débloquer les situations ! « Quand on a un problème, Élisabeth a toujours des solutions », confirme Ali, habitant du quartier depuis 2016 et bénéficiaire de l’association Aspir. Même son de cloche chez Lala qui vit dans le quartier depuis 11 ans : « Certains jeunes viennent de Seine-Saint-Denis juste pour venir la voir ! Je suis bénévole à l’association Aspir. Je peux vous dire que lorsque je suis arrivée ici à l’âge du CP, c’est Élisabeth qui m’a appris à lire. Aujourd’hui, elle aide mes parents. »
Ateliers de français, accès aux droits, à l’emploi, problématiques diverses liées à la parentalité, relations avec l’école et plus récemment accès à l’informatique… au total Aspir accompagne plus de 400 personnes, 5 jours par semaine sans interruption. « Moi, mon objectif, c’est de faire grimper, c’est que tout le monde monte », affirme Élisabeth Oïffer. Et ne lui parlez pas d’aide ! « Dans le mot aider, il y a un côté un peu passif par rapport à la personne qu’on accompagne sur un bout de chemin. Ici, ce sont des échanges, des richesses. Ils m’apprennent plein de choses aussi », confie-t-elle.
Sortir du quartier
« J’écoute, je ne juge pas. Je ne suis pas là pour ça. Il y a des fois où je peux râler mais moi, je suis là sur le long terme, je ne suis pas en passage pour répondre à un besoin », explique la responsable de l’association qui s’évertue à offrir d’autres horizons aux jeunes du quartier. « C’est important pour eux ! Je travaille sur la mobilité, il faut que les jeunes sortent des quartiers. On ne peut pas faire grandir des enfants ici en coupant les deux cultures. Il faut accepter la diversité. Mais il faut aussi la faire vivre au sein même de la famille et la voir comme une richesse », insiste-t-elle. Et pour opérer ce changement, elle mise sur les pères. « Quand on a des papas qui prennent leur voiture et qui partent avec leurs enfants pour aller voir une pièce de théâtre, c’est quand même pas mal », sourit-elle.
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Et pour l’aider dans sa mission, Élisabeth Oïffer peut compter sur le soutien de ses collègues. Pascale, qui anime avec Élisabeth des ateliers sociaux-linguistiques depuis 5 ans, apprécie le dynamisme de la responsable de l’association Aspir : « Elle a beaucoup d’énergie et elle est très à l’écoute. Elle est vraiment douée dans ce qu’elle fait. » Quand on interroge Élisabeth Oïffer pour lui demander ce qui lui fait plaisir, elle élude la question et embraye avec un tout autre sujet : « Je suis impliquée dans l’écologie, mon enjeu maintenant c’est l’éco-responsabilité de tous et toutes ». Pas le temps de se reposer sur ses lauriers, ni d’attendre une quelconque reconnaissance, Élizabeth Oïffer est dans l’action. « Moi, je ne lâche pas, je ne lâche jamais », souffle-t-elle. Les habitant·es de la cité Violettes-Pervenches à L’Haÿ-les-Roses ne s’en plaignent pas !