Colocation, habitat participatif, éco-village : le vivre ensemble, futur du logement ?
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Pour répondre aux problématiques environnementales, économiques, sociales et solidaires du “monde d’après”, différents modèles d’habitat collectif se développent en ville comme à la campagne. Zoom sur ces alternatives.
La maison individuelle est un rêve bien français. Pour preuve, un sondage de 2016 sur le logement idéal révèle que 76 % des Français·es ont désigné la maison individuelle comme leur logement préféré. Et si ce rêve appartenait désormais au “monde d’avant”, celui qui précédait l’épidémie de Covid et qui ignorait tout du confinement ?
C’est probable. Car la crise, au-delà de ses conséquences sanitaires, a mis en lumière la solitude et l’isolement d’une large frange de la population : plus de 10 millions de Français·es vivent seul·es dans leur logement, nous apprend l’Insee. Ainsi, lors des périodes de confinement, échanger avec ses voisin·es devient presque aussi important que la superficie de son logement, nous confirme le rapport “Aux confins du logement” de l’Institut des hautes études pour l’action dans le logement (IDHEAL).
Sachant cela, partager son intérieur avec d’autres personnes sera-t-il le logement idéal du “monde d’après” ? Il y a la colocation bien sûr, mais il existe de nombreuses autres déclinaisons comme l’habitat participatif, où les habitant·es conçoivent ensemble leur lieu de vie autour d’un projet commun. Chacun·e dispose de son logement mais l’on y partage des espaces communs, un juste compromis entre le besoin d’intimité et la vie communautaire.
L’habitat participatif : mutualiser les espaces communs pour dessiner le logement de ses rêves
« Comme il est rassurant de se savoir entourée de voisins prêts à s’entraider, à veiller les uns sur les autres, à s’organiser collectivement pour les courses et le ménage !« , a confié l’une des habitantes de Chamarel, un habitat participatif de Vaulx-en-Velin dans le Rhône, sur France Culture. Cette coopérative d’habitant·es, qui se veut une alternative aux Ehpad, a été pensée et conçue par ses habitant·es qui ont fait construire les 16 logements qui la composent en fonction de leurs goûts et besoins. Un logement sur-mesure donc mais aussi un rempart contre la solitude pour ces personnes âgées, et un moyen de conserver leur autonomie.
Sans oublier que l’habitat participatif a pour vocation de rendre la propriété plus accessible et de démocratiser l’accès au logement. Chambre d’ami·es, buanderie, jardin, garage… : l’habitat participatif entend mutualiser les différents espaces pour faire baisser les coûts.
Par ailleurs, de nombreux habitats participatifs intègrent à leur projet des logements sociaux dans un souci de mixité sociale et d’accessibilité du logement. Sur les 600 projets d’habitats participatifs recensés en 2019 par Habitat Participatif France, 200 étaient portés par un organisme HLM. Ainsi, 3F Notre Logis a récemment livré à Lille un programme participatif de 14 logements associant locatif social, accession sociale et libre.
Malgré ces nombreux avantages, l’habitat participatif reste encore associé à une certaine forme d’utopie. À l’inverse, s’il y a bien un modèle de logement qui s’est fait une place dans le paysage immobilier français, c’est la colocation. Indispensable pour se loger dans de grandes villes à des prix abordables, la colocation évolue et ne répond pas qu’à des besoins financiers.
La colocation n’est plus seulement une histoire d’argent
La location en commun peut refléter les aspirations sociales et solidaires des occupant·es à l’instar des colocations Caracol. Dans le 1er arrondissement de Paris, à deux pas du Louvre, se trouve la colocation multiculturelle développée par l’association Caracol, dans laquelle 25 colocataires réfugié·es vivent aux côtés de 9 locataires déjà présent·es dans cet immeuble de 1 000 mètres carrés.
Avec un loyer de 200 euros par mois, l’objectif est de faciliter l’accès au logement des personnes réfugiées mais aussi de les intégrer davantage dans la société grâce à un brassage culturel au sein même de la colocation. “Je vis avec 4 personnes que je n’aurais jamais rencontrées dans la vie de tous les jours. C’est hyper enrichissant. Cette coloc, c’est bien plus qu’un toit”, témoigne Virginie, colocataire Caracol sur le site de l’association.
A Lagny-sur-Marne (77), un pavillon accueille également une colocation Caracol dans l’attente de sa réhabilitation prochaine par 3F.
Dans un tout autre style, un concept d’habitation hybride entre la colocation et l’hôtellerie est aujourd’hui en plein essor, on l’appelle le “coliving”. “Cette nouvelle manière d’habiter les villes” comme l’écrit Le Monde dans un article, permet aux locataires de bénéficier d’un espace privatif, une chambre donc, parfois équipée d’une petite kitchenette, mais aussi d’espaces partagés.
Mais quelle différence avec la colocation ou l’habitat participatif ? Les services. En effet, par espaces partagés, il n’est pas seulement question de salon ou de cuisine, mais de salle de sport ou de cinéma, de restaurants et d’espaces de coworking. Des résidences avec des formules à la carte pour des Millenials flexibles qui n’ont pas l’intention de s’installer sur le long terme mais souhaitent malgré tout créer du lien.
Autonomes, sobres et résilients : les écovillages font de l’écologie leur maître mot
Mais le logement du futur n’est pas condamné à être urbain. L’équivalent rural de l’habitat participatif s’appelle un éco-village ou éco-lieu, un modèle d’habitation qui a pour but le vivre ensemble mais surtout, de répondre à des impératifs écologiques. Mathieu Labonne, président de la coopérative Oasis, vit dans l’éco-hameau du Plessis, un habitat participatif écologique regroupant 28 foyers et comprenant 4 hectares de jardins collectifs en permaculture, plusieurs bâtiments communs et des maisons écologiques individuelles.
Situé à Pontgouin, en Eure-et-Loir, cet éco-village a fait de l’écologie son critère central. L’éco-construction, la souveraineté énergétique et alimentaire guident le développement de ce modèle d’habitat résilient qui vise une empreinte carbone faible. À l’heure où les ressources naturelles s’amenuisent et que les pays cherchent des moyens de réduire drastiquement leurs émissions de CO2, les éco-hameaux semblent être une solution d’avenir pour se loger, sans nuire à la planète.