ET CONCRÈTEMENT

Adopter une poule pour réduire ses déchets

 

L’idée peut faire sourire celles et ceux qui ont grandi avec des poules au fond du jardin ou qui les élèvent pour vivre, mais l’adoption de poules est en train de devenir une vraie tendance chez les urbain·e·s.

Visite guidée des solutions pour les citadin·e·s qui seraient tenté·e·s.

Les poules, ça mange de tout – et jusqu’à 150 kilos de restes sur une année. Autant de déchets alimentaires qui ne finissent pas à la poubelle, ce qui représenterait une économie de 150 à 200 euros sur le traitement de chaque tonne de déchet. Une poule dans le jardin, cela veut aussi dire moins de nuisibles et des œufs frais tous les matins, particulièrement de mai à novembre. Pour réduire nos déchets, si nous adoptions tous et toutes une poule ?

 

réduire ses déchets grâce aux poules

 

La cocotte au fond du jardin

Pour celles et ceux qui ont la place d’accueillir des poulettes, les initiatives sont déjà légion, de Rent the chicken aux États-Unis en passant par Kiloupoule à Toulouse et l’opération « Adopter la poule attitude » mise en place par la mairie de Châtillon. Le principe est simple : louer une ou deux poules, pendant les mois de ponte ou pendant toute l’année. À Châtillon, les vingt foyers sélectionnés par la mairie se sont acquittés de vingt euros et engagés à garder leurs deux poules pendant trois ans, ainsi qu’à peser les déchets qu’ils leur donnent pendant six mois, pour aider à évaluer les réductions de déchets ainsi permises. Un programme similaire dans le Val-de-Marne, mené dans le cadre du plan local de réduction des déchets, mobilise trente participant·e·s-témoins, en partenariat avec l’Ademe.

Avec un prix compris entre 10 et 28 euros pour une poule prête à pondre, nombreuses sont les familles qui ne passent pas par l’étape adoption, mais achètent directement leurs gallinacées. Chez Truffaut, les ventes ont augmenté de 57 % entre 2011 et 2012, et l’enseigne prévoit un volume de ventes de 50 000 poules et poussins en 2015, soit une croissance de 150 % en cinq ans. Chez Jardiland, les ventes de poules pondeuses ont progressé de 148 % en 2014. Une start-up française, Farmili, s’est positionnée sur ce secteur définitivement porteur en proposant à la vente une solution clés en main : les poules, leur poulailler, les barrières qui délimitent leur espace dans le jardin et l’installation de l’ensemble.

Et quand on vit en appartement ?

Dans la grande révolution de la poule urbaine, les sans-jardin sont-ils laissés pour compte ? Pas forcément. En Hongrie, Adopt a Laying Hen propose aux citadin·e·s de financer l’élevage d’une poule en échange d’œufs frais toute l’année. Mais il n’est pas encore possible de leur acheminer ses déchets…

La solution, comme pour l’agriculture urbaine en général, tient donc plutôt au partage.

À Garges-lès-Gonesse, une association locale s’est lancée dans l’adoption de poules pour occuper un jardin partagé. Une initiative soutenue par 3F : comme l’explique Marine Tournier-Lasserve, Référente technique Énergie, équipements et sécurité, il est pertinent de poursuivre ce genre de projets « dans des territoires ou des collectivités qui ont commencé à travailler dessus, pour bénéficier de leur expérience et leur appui. »

À Saint-Denis, le poulailler associatif Pounil, installé sur un terrain mis à disposition par la mairie, permet à celles et ceux qui vivent en appartement d’avoir elles·eux aussi des poules. Les membres de l’association paient neuf euros par an pour les nourrir avec leurs déchets et récupérer six œufs frais par semaine. Ce que les poules ne consomment pas finit dans un composteur, qui fournit de l’engrais aux adhérent·e·s du Pounil. Comme le raconte Choukri, l’un des adhérent·e·s du Pounil, à l’émission 100 % Mag, les œufs sont un plus, mais ce n’est pas sa motivation première : « Le fait de venir ici, de voir les poules, de les nourrir, de rapporter mes déchets organiques, pour moi c’est ça la récompense. » Car s’occuper de poules, c’est aussi nouer des liens avec des « animaux attachants et peu contraignants », explique Pierre-Alain Oudart, responsable oiseaux et rongeurs chez Truffaut, dans un article du Monde.

Pour Marine Tournier-Lasserve, c’est « très intéressant sur l’aspect pédagogique. C’est aussi un gros plus pour le vivre-ensemble, sur la qualité de vie, et c’est bon pour les petites filles et petits garçons qui sont toujours heureuses·x de voir des animaux. » Pour le moment, le projet de Garges-lès-Gonesse a des dimensions trop modestes pour avoir un impact significatif sur la réduction des déchets, souligne Benoît Hardy, chargé de mission chez 3F. Mais Marine Tournier Lasserve a envie d’« approfondir les études de faisabilité et les discussions en interne pour déployer une stratégie ».

Élever des poules ensemble sur un terrain partagé, ça crée du lien, ça fait se rencontrer des générations et ça rapproche, un peu, de la nature. Bien plus que de « simplement » réduire ses déchets !

 

 

 

 

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