À Viry-Châtillon, pas de quartier pour l’exclusion !
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À 34 ans, la fondatrice de l’association Sendé, Sina Konté, habitante du quartier des Érables à Viry-Châtillon (Essonne) et mère de quatre enfants, s’est investie d’une mission : remettre l’humain au cœur des tours. Entre distributions de kits scolaires et alimentaires, maraudes et ateliers de quartier, l’association s’est rendue indispensable aux yeux des habitant·es.
Quelle est l’histoire de l’association Sendé ? Pourquoi ce nom ?
Sina Konté : Sendé ? C’est le prénom de ma fille ! Pour la petite histoire, en février 2019, j’ai gagné un concours de cuisine et j’ai dû donner un nom à mon plat. Ma fille était avec moi et j’ai donc appelé mon plat le « poulet Sendé ». La presse locale s’est d’ailleurs saisie des résultats du concours et les retombées sur le quartier furent positives. Pour rester dans la même dynamique j’ai donc choisi le nom de « Sendé » pour l’association. Cette dernière est donc née au cœur de Viry-Châtillon (91), dans le quartier des Érables, la vie sans activité y était plutôt morose. J’ai eu l’envie de faire bouger les choses, d’abord avec l’idée de créer un collectif qui s’est transformé en une démarche associative en juin 2020. Je souhaitais y insuffler une nouvelle énergie et refaire battre le cœur de nos logements. Nous sommes aujourd’hui plus de 100 familles à avoir intégré l’association. Nous avons commencé simplement par un atelier cupcake au mois de novembre 2019, avec les parents et les enfants. Parallèlement, nous nous sommes lancé·es dans l’aide aux devoirs et la distribution de kits scolaires. La période est difficile et les gens ont besoin de soutien.
Avec le confinement, la fermeture des écoles, on s’est vite rendu compte que les familles étaient en difficulté
Comment le Covid a bouleversé vos activités ?
Avec le confinement, la fermeture des écoles, on s’est très vite rendu compte que les familles étaient en difficulté. En effet, beaucoup ne disposent pas du matériel nécessaire pour assurer une continuité pédagogique à la maison. Un vrai élan de solidarité s’est mis en place localement.
Mobilisées par 3F, l’agence de communication RubrikC a imprimé quotidiennement les devoirs pour les élèves et l’enseigne Le Géant des Beaux-Arts a fait don de matériel et de fournitures d’arts plastiques.
Depuis notre local citoyen mis à notre disposition par 3F, tout s’est enchaîné très vite. Nous avons embrayé sur les maraudes et les distributions alimentaires. Nous avons même lié nos forces avec la mairie et les associations des villes voisines, comme par exemple Espace pour entreprendre, missionnée par 3F pour proposer aux locataires des permanences d’écrivain public qui ont continué à distance pendant le confinement.
Une cagnotte avait également été lancée pour que nous puissions acheter un véhicule utilitaire pour les distributions et les déplacements à l’extérieur. Ce qui est chose faite !
L’été dernier nous avons également pu organiser l’événement « L’été aux Erables » pour les enfants qui n’ont pas pu partir en vacances. Avec le soutien financier de 3F, mais aussi des renforts de prestataires, nous avons ainsi pu mettre sur pied des ateliers lecture, des jeux, une initiation aux arts du cirque et de nombreuses activités sportives. Il fallait adoucir cette période où les plus démuni·es et les plus isolé·es sont fortement touché·es. Pendant le confinement par exemple, nous avons organisé une distribution de repas pour les soutenir.
Il fallait adoucir cette période où les plus démuni·es et les plus isolé·es sont fortement touché·es
Avez-vous ressenti une augmentation du besoin d’aide alimentaire ces derniers mois ?
Oh oui, énormément… Nous avions commencé par les hôtels sociaux. Très peu de familles venaient directement au local. Nous avons finalement dû abandonner les premiers lieux de distribution pour nous concentrer uniquement sur les familles des Érables et des alentours. Nous recevons constamment des dons. La mobilisation est toujours très forte. On pouvait nous appeler à n’importe quel moment de la journée. Heureusement, il y avait toujours une personne pour ouvrir le local. La distribution alimentaire, n’est pas notre activité principale, mais elle l’est devenue par la force des choses.
C’est important de s’engager aujourd’hui ?
Oui ! Et cela apporte de la force au quotidien, grâce au collectif…. Et au quartier ! Nous évoluons dans une société beaucoup trop individualiste. La solidarité est une valeur importante voire essentielle, surtout aujourd’hui.
Et de renouer avec l’humain ?
Effectivement. L’image du quartier a changé par exemple. Beaucoup veulent venir habiter ici depuis que nous avons monté l’association. Aussi, les gens prennent le temps de venir voir ce que l’on fait et faire connaissance. Lorsque le camion de distribution arrive, les habitant·es sont à leur fenêtre et descendent aider. Même les plus petit·es veulent se faire les muscles ! Cela donne une énergie incroyable. Même si nous sommes fatigué·es après une journée harassante, qu’il faille encore s’occuper des enfants, faire à manger et les devoirs, la fatigue est vite oubliée lorsque l’on voit les sourires que cela procure.